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mardi 15 janvier 2013

QUE SERA DONC CET ENFANT? (Luc 1, 68)


Soeur Brigitte, cmt/Goma

Une semaine seulement après la naissance des septuplés qui n’ont pas survécus à l’hôpital général de Goma, toujours dans la même Ville, est née ce jeudi 10 janvier 2013, au Centre de Santé de Référence Notre Dame du Mont Carmel, un bébé de sexe féminin avec une malformation aux bras. A vrai dire, elle est sans bras.... car elle n’a que deux doigts collés à l’avant bras droit et un seul collé à l’avant bras gauche. Récit de l’événement avec la sœur Brigitte.




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Triple sentiment : Joie, crainte et étonnement…
Pareille naissance n’arrive pas tous les jours. Ce phénomène sort de l’ordinaire. Il faut dire que cette naissance a produit successivement joie, étonnement et crainte. Joie car Maman Riziki a mis au monde sans passer par la césarienne, étonnement du fait de cette malformation et crainte pour  l’avenir de l’enfant qui n’a pas demandé de venir au monde avec cette malformation qui effraie plus d’un.
Après l'accouchement maman Riziki a reçu dans ses bras la nouvelle née. Ce triple sentiment l’a tout de suite envahie. C’est avec sanglot et quadruple questionnement qu’elle accueille sa fillette: Que sera cet enfant? Que vais-je en faire? Comment ses frères vont-ils l'accueillir? Que ferons-nous de cette petite pour qu’elle parvienne à la maturité ? 

Elle était inconsolable. Elle a passé tout son temps à égrainer le chapelet des lamentations. Il fallait trouver des astuces pour qu’elle comprenne que la jolie petite créature qu’elle porte dans ses bras est un enfant normal comme tout autre et qu’il a droit à la vie et aux soins requis pour son développement harmonieux et son insertion dans la société.

De Nick Vujicic à Zawadi : pas évident !
Pour le faire, une inspiration m’est venue : j’ai eu l’idée précieuse de lui montrer un PowerPoint, et pas n’importe lequel : celui de Nick Vujicic. Pour apaiser mama Riziki, je lui ai raconté la petite histoire de Nick, selon la version que j'ai trouvé chez Wikipédia


« Premier né d'une famille serbe, Nick Vujicic est né à Melbourne, en Australie, atteint de la très rare maladie « Tetra-amelia ». Sans membres, il lui manque les deux bras (à partir des épaules) ainsi que les deux jambes. Il a cependant deux petits pieds, dont l'un avec deux orteils. Au départ, ses parents étaient effondrés. Sa vie était remplie d'épreuves et de difficultés. Une loi de l'État de Victoria lui interdisait d'aller à l'école à cause de ses handicaps, bien que non atteint mentalement. Toutefois la législation évolua et il fut finalement l'un des premiers handicapés à pouvoir se scolariser. Il a appris à écrire en utilisant les deux orteils de son pied gauche ainsi qu'un appareil spécial qui se glisse sur son gros orteil et qu'il utilise pour saisir les objets. Il a aussi appris à se servir d'un ordinateur et à taper du texte via la méthode « talon et orteil », lancer des balles de tennis, jouer de la batterie à pédales, se peigner, se laver les dents et les cheveux, répondre au téléphone, faire sa toilette et se servir un verre d'eau.

Martyrisé à l'école, Vujicic s'en trouva extrêmement déprimé et, vers l'âge de huit ans, commença à envisager le suicide. Il a essayé de se noyer à l'âge de dix ans. Après avoir supplié Dieu que lui poussent des bras et des jambes, Nick se rendit compte que ses accomplissements étaient sources d'inspiration pour beaucoup de monde et se mit à remercier Dieu d'être en vie. Un tournant dans sa vie fut lorsque sa mère lui montra un article de journal à propos d'un homme faisant face à un handicap sévère.



Cela l'amena à réaliser qu'il n'était pas le seul à connaître des épreuves considérables. À dix-sept ans, il commença à prendre la parole à son groupe de prière et lança finalement son organisation à but non lucratif : Life Without Limbs (la vie sans membres). Nick fut diplômé de l'enseignement supérieur à l'âge de 21 ans avec une double qualification en comptabilité et planification financière. Il débuta ses voyages en tant que conférencier motivationnel, se focalisant sur les sujets auxquels font face les adolescents actuels. Il intervient aussi en entreprises, bien que son but soit de devenir un conférencier inspirant à l'international, à la fois dans des lieux chrétiens et non chrétiens. Il voyage régulièrement dans le monde entier pour s'adresser à des congrégations chrétiennes, des écoles et des rencontres d'entreprises. Il a parlé à plus de deux millions de personnes à ce jour, dans douze pays sur quatre continents: Afrique, Asie, Australie et Amérique du Nord ».


Lueur d’espoir et questionnement…

Ce Power point a redonné un peu d’espoir et  a aidé Maman Riziki à comprendre davantage que même si son enfant ressemblait un peu à Nick, mieux vaudrait sa petite fille, car elle, au moins, a ses deux jambes, ses avant-bras et ses trois doigts. J’avais  donc atteint  mon but : Elle qui croyait que la malformation de sa fille était terrible, presqu’une malédiction divine, elle s’est rendue compte qu’il y avait plus que le cas de sa fillette et qu’avec la volonté ferme, on peut aider la petite Zawadi à devenir quelqu’un pour les autres comme Nick. Tout est question de temps : Il n’est pas encore trop tard. Rien n’est perdu.

Est venue alors ma question : - Quel nom vas-tu lui donner? La réponse de Mama Riziki ne s’est pas fait attendre : - Je n'ai pas un nom, je ne sais pas. J’ai compris qu’elle était encore sous le choc et il fallait l’aider. J’ai donc poursuivi : - Tu peux la nommer « DON DE DIEU », non ? Après réflexion, elle a donné son accord : elle s'appellera désormais : « ZAWADI » (en français : don, offrande, cadeau), m'a-t-il dit en souriant.  D’un air  un peu défaitiste, elle l’a lâché en kiswahili : « Nifanya aye ? Mungu tu !». Traduisez : « Que ferais-je encore ? Dieu seul sait » !

Comparaison n’est pas raison (?)


La question qui me préoccupe à la minute où je suis en train d’écrire ces lignes est celle de savoir si la petite Zawadi aura la même « chance » que Nick, dans la circonstance actuelle  de la Ville de Goma où tout est urgent, où tous les efforts du gouvernement, tant national que provincial, sont orientés vers les guerres à répétition et des rébellions sa fin. Zawadi pourra-t-elle bénéficier d’un appareil spécial pouvant lui permettre de  palier efficacement au manque des bras ? En attendant de trouver les réponses à ces questions lancinantes, Mama Riziki, elle, continue à lever ses yeux larmoyants vers les montagnes du Kivu et à se demander d’où le secours lui viendra t-il ? Le secours lui viendra sûrement du Seigneur qui a fait le Ciel et la terre… mais aussi de nous autres : conseils pratiques, idées géniales, aides et diverses contributions sont donc attendus et sont les bienvenus. Le papa de Zawadi, lui, n’a même pas placé un seul mot. Il est ébahi, dépassé, estomaqué et perplexe. Il lui faut tout d’abord trouver de l’argent à payer pour la maternité avant de voir le « problème » qui lui est arrivé en face. Il a, lui aussi, beaucoup d’efforts à fournir pour se rendre à l’évidence qu’il ne peut pas ne pas accepter ce « don » de Dieu qui, en fait, est le fruit de son amour d’avec son épouse mama Riziki.

Le jour de leur sortie de la maternité, voyant ce couple  s’éloigner de notre centre de santé de référence, pour  maintenant affronter les moqueries des uns, et les encouragements des autres, j’ai fait monter pour eux cette prière au Seigneur : « Seigneur, tu as voulu que la petite Zawadi vienne au monde et trouve place dans cette famille humaine. Accorde à sa famille, malgré cet handicap physique de leur fille,  le don de la joie spirituelle, et guide l’esprit de ses parents et de tous dans la voie de la paix »

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