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mardi 2 avril 2013

"AIDE-TOI, LE CIEL T'AIDERA": HISTOIRE DE THÉRÈSE-BÉNÉDICTE


Soeur Jeannette MATABARO
CMT/GOMA
Qui n’a  jamais entendu quelqu’un lui dire un jour ou l’autre: « Aide-toi et le Ciel t’aidera ! » Cette  parole encourageante appartient à  Jean de la Fontaine. Cette bonne parole nous interpelle : avant de faire recours à Dieu, l’homme doit savoir fournir quelques efforts. En d’autres termes, avant de se plaindre ou de se mettre à pleurnicher, il faut tenter par tous les moyens à trouver des solutions possibles. Ce n’est qu’après, on peut faire recours à Dieu et/ou  aux autres. Or, certaines personnes, habituées à se nourrir aux mamelles de la facilité, passent toute leur vie à attendre des miracles de la part de Dieu sans agir, sans risquer. L’histoire qui va suivre met en scène un père irresponsable qui n’a trouvé comme solution, face à son incapacité de prendre en charge sa fillette de 2 mois, que de l’abandonner entre les mains de la sœur Jeannette, la chargeant ainsi d’un poids qui n’était pas le sien. Mieux que quiconque, celle qui a vécu cette mésaventure nous la raconte à la troisième personne du singulier.

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Six jours seulement après la commémoration de la journée internationale de la femme, le jeudi 14 mars 2013 dans la matinée, un jeune homme est arrivé dans l’enceinte du centre nutritionnel Carmel avec un enfant dans ses bras, à la recherche d’une religieuse ou d’un responsable dudit centre. A sa rencontre, la sœur Jeannette Matabaro est sortie. Sans tarder, avec les larmes aux yeux, le jeune homme raconte en pleurant son histoire à dormir debout :
« Je suis le père de cet enfant que voici. Comme vous me voyez,  je viens de Kitshanga où il y a la guerre. J’ai quitté ce village, avec mon épouse, pour fuir vers Rutshuru. Mes parents ont pris la direction de l’Ouganda. Je ne sais même pas s’ils sont arrivés à destination. Arrivés à Rutshuru, ma femme a reçu des coups des balles et elle en est morte sur place. J’ai fui avec l’enfant jusqu’ici à Goma. Maintenant  je suis dans une famille d’accueil. Je suis incapable de me prendre en charge avec l’enfant ».

Après avoir écouté religieusement le jeune homme en pleurs, la sœur Jeannette lui pose la question : « que veux-tu qu’on fasse pour toi ? ». Comme s’il s’y attendait, sa réponse n’a pas tardé : «  je ne suis pas en mesure de garder l’enfant.  Je cherche quelqu’un pour m’aider ».
En attendant qu’on réfléchisse sur le cas, la sœur lui a dit de revenir le lendemain pour voir comment l’orienter dans un orphelinat où l’on pourrait prendre en charge l’enfant. « D’accord », a dit le père de la fillette, avec un sourire aux lèvres et un visage rayonnant de joie.
A son départ, la sœur Jeannette a remué ciel et terre en appelant les orphelinats de la ville de Goma, mais hélas, il n’y avait pas de place pour accueillir la fillette. Le lendemain le papa est venu tout bonnement avec l’enfant comme convenu.
A l’impossible, nul n’est tenu, dit-on. La sœur lui a proposé une autre alternative, celle de rentrer avec l’enfant dans la famille d’accueil et que le centre nutritionnel  s’occupera de l’alimentation de l’enfant, dans la mesure du possible. Pour ne pas remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui, la sœur Jeannette met en exécution sa proposition en donnant du lait à l’enfant, sans autre forme de procès.
Ce qui devait arriver, arriva : pendant que la sœur donnait du lait à l’enfant, le papa a trompé la vigilance de la sœur et du personnel du centre nutritionnel et est sorti sans informer qui que ce soit, faisant semblant comme s’il était dans le parage. Depuis ce jour mémorable  du vendredi 15 mars 2013 à 11H00 jusqu’à la seconde où ces lignes sont entrain d’être écrites, le papa n’est plus jamais revenu sur ses pas. Il est parti sans trompette ni tambour battant. Il est sorti sans laisser d’adresse. Bon débarras, se dit-t il dans sa fuite. Il a réussi son coup irresponsable.

Et comme la sœur ne pouvait quand même pas jeter la fillette dans la rue, elle a résolu l’équation en internant l’enfant au Centre nutritionnel la journée. Pour le soir et la nuit, la fillette sera aux bons soins d’une autre famille d’accueil. Dieu merci, maman Hortense, membre de l’association MILPA (missionnaire laïc Palautien, une association liée aux sœurs carmélites missionnaires thérésiennes comme famille), ayant appris comment la sœur ont été roulée par ce père irresponsable,  s’est portée volontaire pour cette prise en charge de cet enfant née le 22 janvier 2013. 


Etant donné que son père n’avait jamais eu le temps de dire à la sœur Jeannette le nom de l’enfant, la sœur a pris soin de lui donner d’une sainte carmélite : THERESE BENEDICTE, nom officialisé le jour de son baptême célébré le dimanche 31 mars par le Père Albert, carme déchaux et aumônier du centre de santé de référence Carmel.  



















Tout a été prévu par sa « nouvelle » maman Hortense: habits neufs et tout le reste pour une bonne fête de baptême.
Thérèse-Bénédicte est plus que chançarde car le baptême l’a introduite non seulement dans la grande famille des enfants de Dieu mais aussi dans sa nouvelle famille biologique composée d’une maman qui est veuve et d’un grand frère qui a 18 ans, d’une grande sœur qui a atteint déjà 16 ans d’âge et d’un autre frère qui, lui,  a  totalisé 10 ans depuis sa naissance. C’est avec eux que, désormais, Thérèse-Bénédicte passera tout le reste de sa vie si son père ne se transforme pas par la suite en un ravisseur.
Cette histoire, pour peu qu’elle fasse rire, nous donne quand même une leçon pour l’avenir. Mieux que mille paroles, ce dicton ci-après contient tout un enseignement qui cadre bien avec le cas:

« Ne cherche pas la personne qui réglera tous tes problèmes
mais trouve celle qui ne te laissera pas les affronter seul ».
La sœur Jeannette a, quant à elle, retenu une autre leçon :
« La providence sait être généreuse
envers ceux qui ne perdent pas courage »